Au-delà du fait de constituer une obligation déontologique, la supervision représente assurément un incontournable de la pratique professionnelle du coach. En conduisant ce dernier à questionner certains aspects de sa pratique, la supervision contribue à ce titre largement à sa professionnalisation.
En quoi toutefois cette pratique de supervision diffère-t-elle significativement d’une démarche de coaching dont le sujet deviendrait alors le coach lui-même ?
Une relation paritaire
En matière de coaching, en professionnel de la relation d’aide qu’il est, le coach se doit d’adopter une posture basse vis-à-vis de son client ; il n’est nullement le sachant et s’inscrit à ce titre dans une démarche de co-construction ; l’expertise technique relative à l’activité du client demeure détenue par ce dernier.
Dans le cadre de la supervision par contre, la relation qui s’établit entre le superviseur et le coach relève d’une relation paritaire : les deux protagonistes sont en effet tous deux des professionnels du coaching !
Un processus transparent
La supervision relevant avant toute chose d’un échange entre pairs, le savoir relatif à la pratique du coaching est donc partagé entre le coach et le superviseur.
A ce titre, ce dernier est amené à largement méta-communiquer sur ce qui se joue dans le cadre de sa relation avec le coach. La capacité du superviseur à déceler les processus parallèles s’avère donc essentielle, de même s’agissant des transferts, des émotions émergentes ou autres mécanismes de défenses mis en œuvre par le coach.
Alors que la transparence sur le processus s’impose largement en supervision, celle-ci n’est toutefois nullement justifiée, ni même pertinente, en coaching.
Une finalité propre
La finalité même du coaching et de la supervision diffère significativement.
Alors que le coaching est avant toute chose orienté solution et à ce titre centré sur la demande du client, la supervision pour sa part porte sur le coach lui-même et en particulier son besoin quant à l’amélioration de sa pratique professionnelle.
Un cadre souple
Si le coaching s’inscrit contractuellement dans une durée limitée, la supervision relève pour sa part plutôt d’une démarche au long court. Cela n’exclut toutefois nullement que le coach puisse dans le temps changer de superviseur ou de mode de supervision (individuelle, collective, …)
De même, si le nombre et la fréquence des séances sont préalablement définis par le contrat de coaching, la supervision peut tout à fait s’accommoder d’une plus grande souplesse en la matière.
Une approche systémique
Alors que le coaching se concentre sur les interactions entre le coach, son client et la situation à laquelle est confronté ce dernier, la supervision impose pour sa part d’intégrer la complexité de la double situation d’accompagnement qui est en jeu, à savoir celle du coach avec son client, mais également celle du superviseur avec le coach.
La supervision porte ainsi de facto sur un système complexe et réclame à ce titre une connaissance approfondie de la théorie des systèmes.
Ethique et déontologie
Enfin, le superviseur ne peut faire l’économie d’aborder quand cela le justifie les dimensions éthiques et déontologiques de la pratique du coach.
Si la déontologie définit les règles génériques qui régissent la profession, l’éthique pour sa part relève bien plus d’un travail de réflexion du coach lui-même se fondant notamment sur ses propres croyances et valeurs. A ce titre, la supervision constitue un espace de travail particulièrement propice au développement de la maturité éthique de ce dernier.
Concrètement, la supervision porte donc sur la nature même du métier du coach ainsi que sur la pratique quotidienne de ce dernier : le coaching est au cœur du sujet.
Qu’il s’agisse tant du processus, de la posture ou encore des techniques mises en œuvre, la supervision diffère toutefois significativement de ce que certains sont tentés de considérer comme du coaching de coach. Ceci explique notamment la raison pour laquelle la pratique de la supervision impose une formation spécifique, dispose d’un code de déontologie distinct et s’inscrit dans un cadre qui lui est propre.