L’entretien tripartite est souvent présenté comme partie intégrante du cadre de référence de toute démarche de coaching.
S’il revient en effet indiscutablement au coach la responsabilité de s’assurer de la concordance des attendus de chacun, l’entretien tripartite constitue-t-il pour autant l’unique outil à sa disposition pour ce faire ?
L’entretien tripartite en quelques mots
Fondement des règles de l’art du coaching, l’entretien tripartite a pour objet de contenir les risques de dérive de l’accompagnement.
Il vise ainsi à obtenir un accord préalable, clair et partagé par tous, sur l’objectif de la démarche. Il s’agit ainsi de réunir le prescripteur, le coaché et le coach, dans le but de verbaliser les attentes quant aux changements attendus chez le coaché.
Par ailleurs, de notre point de vue, alors que le coaché et le coach vont devenir de fait solidairement engagés dans la démarche de progrès, ces derniers peuvent tirer bénéfice, au cours de cet entretien, à mettre leur relation sous le regard du prescripteur. Cette position tierce leur permettra notamment d’intégrer les intérêts de l’ensemble du système client (entreprise) et non de se focaliser uniquement sur le seul bénéfice du coaché.
Un exercice parfois inconfortable pour le coaché !
En exposant simultanément le coaché aux deux protagonistes que sont le prescripteur et le coach, l’entretien tripartite peut s’avérer un exercice particulièrement inconfortable pour ce dernier. L’objet de cette rencontre ne porte-t-il pas en effet sur les difficultés auxquelles celui-ci est confronté ?
Par ailleurs, alors que le prescripteur (RH ou n+1) incarne le lien de subordination qui existe entre le coaché et l’entreprise, le coach pour sa part représente encore, à ce stade de l’accompagnement, une tiers partie avec laquelle l’alliance n’est pas encore établie.
Quelle place pour le coach ?
Durant l’entretien tripartite, le coach est amené à questionner les objectifs et les attendus du coaching et ce en s’attachant à faire émerger et respecter l’expression de chacune des parties.
A ce titre et en cohérence avec l’idée chère au coaching qui vise à développer la responsabilité et l’autonomie du coaché, le coach laisse à ce dernier le soin de décrire les axes d’amélioration qu’il souhaite travailler dans le cadre de la démarche. De son côté, le prescripteur nuance, enrichit et valide ces propos.
Charge au coach alors de respecter la neutralité qui doit être sienne dans le cadre de son accompagnement. Néanmoins, en dépit de son professionnalisme, sa simple présence au sein du système (prescripteur-coaché) introduit des perceptions modifiées pour chacun d’entre eux, et perturbe ce dernier.
Une alternative à l’entretien tripartite
Aussi, fort ce constat et selon le contexte dans lequel nous intervenons, il nous apparaît parfois judicieux de remplacer le traditionnel entretien tripartite par un triptyque d’entretiens « duo » : prescripteur-coaché, prescripteur-coach et coach-coaché.
Tout aussi efficace selon nous pour débuter et assurer le cadrage d’une démarche de coaching, ce triptyque permet tant de répondre aux besoins du prescripteur, du coaché … que du coach.
Il présente par ailleurs l’intérêt de limiter significativement les biais de l’entretien tripartite (alliance, rejet, conflit de loyauté) ainsi que l’impact du coach sur le système.
Ainsi, au-delà des usages de l’entretien tripartite largement ancrés dans les pratiques, nous considérons qu’il revient en premier lieu au coach lui-même de sélectionner l’approche qui lui parait la plus adaptée à la situation. Il s’agit ainsi selon nous de privilégier largement l’agilité et l’intelligence situationnelle du coach, l’amenant au besoin à recourir à la solution du triptyque d’entretiens duo.